Open Access
Numéro
OCL
Volume 22, Numéro 2, March-April 2015
Numéro d'article D206
Nombre de pages 5
Section Dossier: Dietary cholesterol: friend or foe? / Cholestérol alimentaire : ami ou ennemi ?
DOI https://doi.org/10.1051/ocl/2014058
Publié en ligne 10 mars 2015

© C. Simonneau, published by EDP Sciences, 2015

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Le cholestérol est une substance lipidique essentiellement synthétisée par le foie entrant dans de nombreuses fonctions métaboliques. Il peut soit être apporté par l’alimentation (cholestérol alimentaire), soit, quand il est fabriqué par le foie, être véhiculé dans la circulation sanguine : on parle alors de cholestérolémie. Les principales sources de cholestérol alimentaire sont le jaune d’œuf, les abats, les produits laitiers et les viandes grasses. Il est désormais couramment admis que ce n’est pas l’excès de cholestérol alimentaire qui entraîne une augmentation du cholestérol sanguin, mais une alimentation trop calorique et trop riche en saturés. Une cholestérolémie excessive (cholestérol-LDL) est un des facteurs de risques des maladies cardiaques coronariennes.

1 Attentes des consommateurs Français

Une étude des types et de la volumétrie des messages liés à la santé et à l’alimentation et mode de vie sur les forums de discussion sur Internet (site Doctissimo) montre que les préoccupations liées au cholestérol ou aux problèmes cardiovasculaires suscitent peu d’échanges et arrivent loin derrière les préoccupations liées au stress et à la dépression, aux troubles du comportement alimentaire et aux cancers.

thumbnail Fig. 1

Extrait du Règlement « INCO », contenu de la déclaration nutritionnelle.

thumbnail Fig. 2

Liste des allégations nutritionnelles autorisées, source Registre européen.

Ceci est corroboré par des données issues d’études marketing sur les consommateurs français, qui montrent qu’environ 15 % des personnes interrogées sont touchées par des problèmes de cholestérol, et qu’environ la même proportion se sentent concernées par le sujet. On note donc une situation très différente en matière de santé et d’alimentation que par exemple pour le cas du cancer, qui inquiète beaucoup les personnes (25 % des personnes interrogées), mais en touche directement ou indirectement moins de 5 %.

Enfin, on note également une augmentation des demandes consommateurs relatives aux allégations négatives de type « sans ... » ou « moins ... ». Ainsi entre 2003 et 2010, les Français considérant la mention « sans cholestérol » comme importante sur un produit alimentaire est passée de 19 % à 33 %, les mentions relatives à l’absence d’édulcorant artificiel ou pauvre en acides gras saturés/en matières grasses restant les préoccupations recueillant les scores les plus élevés (~40 %).

2 Cadre réglementaire européen

D’un point de vue théorique, pour mentionner le cholestérol dans la communication d’un produit alimentaire, il existe plusieurs possibilités. On peut en effet considérer le produit fini et faire référence à la teneur en cholestérol du produit fini (par exemple « sans cholestérol » ou « réduit en cholestérol »), il s’agit alors d’une allégation nutritionnelle. On peut également décider d’indiquer la teneur en cholestérol dans l’étiquetage nutritionnel, le tableau des valeurs nutritionnelles étant une mention obligatoire devant figurer sur l’emballage. Enfin, on peut considérer un bénéfice du produit fini, et indiquer soit une mention relative au maintien d’un niveau normal de cholestérol sanguin, il s’agit alors d’une allégation de santé fonctionnelle, soit une mention relative à la baisse du taux de cholestérol sanguin et il s’agira alors d’une allégation de santé, de réduction de facteur de risque.

Au niveau européen cette communication sur les produits alimentaires est désormais encadrée par deux règlements « phares » qui ont singulièrement modifié les possibilités d’expression des industriels. Les principes généraux de cette réglementation sont de fournir aux consommateurs une base pour choisir en connaissance de cause les denrées alimentaires qu’ils consomment et de prévenir toute pratique pouvant induire en erreur. Pour schématiser, ces règlements listent a priori un certain nombre d’informations qui doivent ou peuvent être utilisés dans une communication, et ce qui n’y figure pas est interdit.

Concernant l’étiquetage nutritionnel, le règlement « INCO » de 2011 (Règlement (UE) No. 1169/2011) liste les nutriments devant ou pouvant figurer dans le tableau des valeurs nutritionnelles, qui s’intitule désormais « déclaration nutritionnelle » : la valeur énergétique, les matières grasses totales, les acides gras saturés doivent notamment être indiquées de façon obligatoire, et il est possible de mentionner de façon volontaire les acides gras mono-insaturés, poly-insaturés ou les fibres (Fig. 1).

thumbnail Fig. 3

Exemple d’allégation fonctionnelle (Art. 13) autorisée relative au cholestérol, source Registre européen.

thumbnail Fig. 4

Exemple d’allégation de réduction de facteur de risque (Art. 14) autorisée relative au cholestérol, source Registre européen.

On note que le cholestérol ne figure pas dans cette liste. Par conséquent la réglementation interdit désormais de faire figurer cette mention de la teneur en cholestérol d’un produit alimentaire dans les informations nutritionnelles, ce depuis le 13 décembre 2014, fin de la période de transition pour son application.

Concernant les allégations, le règlement « allégations » paru en 2006 (Règlement (CE) No. 1924/2006) et s’appliquant progressivement depuis, liste en son annexe les allégations nutritionnelles autorisées et les conditions requises pour pouvoir les utiliser. Une allégation nutritionnelle se définit comme une mention qui « affirme, suggère ou implique qu’une denrée alimentaire possède des propriétés nutritionnelles bénéfiques particulières de par [ ... ] les nutriments ou autres substances qu’elle (i) contient; (ii) contient en proportion moindre ou plus élevée ou; (iii) ne contient pas » (Art. 2) (Fig. 2).

Dans l’annexe du règlement, aucune allégation nutritionnelle ne concerne l’absence ou la faible teneur en cholestérol. Par conséquent, les mentions de type « sans cholestérol » ou « pauvre en cholestérol » qui n’y figurent pas sont interdites, et ne peuvent donc plus être utilisées depuis la fin de la période de transition concernant ce type d’allégation : décembre 2009.

Ce même règlement précise les différents types d’allégations de santé. Celles en lien avec la cholestérolémie peuvent être une allégation du type de l’article 13.1. (a) quand elles « décrivent ou mentionnent le rôle d’un nutriment ou d’une autre substance dans la croissance, dans le développement et dans les fonctions de l’organisme » que l’on appelle également allégations de santé génériques/fonctionnelles, ou bien une allégations du type de l’article 14.1 (b) quand elle « affirme, suggère ou implique que la consommation d’une catégorie de denrées alimentaires, d’une denrée alimentaire ou de l’un de ses composants réduit sensiblement un facteur de risque de développement d’une maladie humaine ». Le fait de pouvoir mentionner dans une communication sur un produit alimentaire une maladie (en mentionnant un facteur de risque de cette maladie) était l’une des nouveautés du règlement allégations, car cela était auparavant formellement interdit.

thumbnail Fig. 5

Extrait du règlement (UE) No. 1226/2014 autorisant une nouvelle allégation relative à la réduction du cholestérol pour certaines huiles et matières grasses.

thumbnail

Pour les allégations de santé fonctionnelles (Art. 13), plus de 44 000 dossiers de demandes d’évaluation d’allégations ont été soumises et évaluées par l’EFSA (European Food Safety Authority) pour aboutir en janvier 2012 à la première publication de 222 allégations autorisées de ce type. Le registre des allégations tel que décrit dans cet article 13 était ainsi né, et est régulièrement complété en suivant la procédure de dépôt de dossiers, d’évaluation par l’EFSA et d’autorisation a priori avant de pouvoir être utilisée. On y trouve à date 13 allégations relatives à la contribution de nutriments (oméga 3 ALA...) ou substances (bêta-glucanes, chitosan...) au maintien d’un niveau normal de cholestérolémie. Pour chaque allégation autorisée, les textes précisent le nutriment ou la substance, le libellé de l’allégation, les conditions d’utilisations et éventuelles restrictions (Fig. 3).

Concernant les allégations de santé relatives à la réduction d’un facteur de risque (Art. 14), l’autorisation d’emploi se fait au cas par cas, en suivant la même procédure de dépôt de dossier auprès de l’EFSA dans une forme plus développée, d’évaluation par cette dernière de la pertinence du facteur de risque et de l’effet du nutriment/de la substance considérée sur la réduction de ce risque, avant de pouvoir utiliser cette allégation sur une communication produit. À date 34 dossiers de ce type ont été soumis et évalués par l’EFSA, et 14 ont abouti à des allégations autorisées, dont la moitié portent sur la réduction de la cholestérolémie, facteur de risque de maladies cardiaques coronariennes. Les nutriments ou substances relatives à ces allégations sont les bêta-glucanes de l’orge ou de l’avoine, ou encore les stérols et stanols de plantes. La réglementation fixe ensuite au cas par cas le libellé de l’allégation autorisée, les conditions d’emploi, les éventuels restrictions et avertissements à indiquer dans la communication relative à ce bénéfice. Pour ce type d’allégation, on devra toujours séparer dans la communication la réduction du facteur de risque et le lien avec la maladie, par exemple « les bêta-glucanes contribuent à la réduction du cholestérol sanguin. Une teneur élevée de cholestérol sanguin est un facteur de risque de maladies coronariennes » (Fig. 4).

On peut noter une toute récente nouvelle autorisation d’allégation santé relative à la réduction du cholestérol sanguin, concernant exclusivement les huiles et les matières grasses riches en acides gras insaturés (mono/polyinsaturés AGMI/AGPI). L’allégation autorisée est « Il a été démontré que la consommation de matières grasses riches en acides gras insaturés dans l’alimentation en remplacement de matières grasses riches en acides gras saturés abaisse/réduit le taux de cholestérol sanguin. Une cholestérolémie élevée constitue un facteur de risque de développement d’une maladie cardiaque coronarienne ». La communication pour mentionner un effet sur la réduction de la cholestérolémie doit préciser que l’effet est obtenu en substituant dans son alimentation les matières grasses saturées (ajoutées) par des matières grasses insaturées (Fig. 5).

3 Communications produits sur le cholestérol : exemples et analyse

Afin d’illustrer ces propos, sur le tableau suivant figurent quelques exemples de communication produits en lien avec le cholestérol et leur analyse sur le plan réglementaire.

On voit finalement que les allégations relatives au cholestérol et leurs formulations sont désormais très encadrées par la réglementation européenne. Les mentions correspondantes sur les étiquetages des produits alimentaires se sont réduites et harmonisées en France et en Europe depuis quelques années, et des questions se posent sur la question de la flexibilité des libellés des mentions autorisées.

Références

  • Données Service Marketing St Hubert France. [Google Scholar]
  • Règlement (CE) No. 1924/2006 du Parlement européen et du Conseil du 20 décembre 2006 concernant les allégations nutritionnelles et de santé portant sur les denrées alimentaires. [Google Scholar]
  • Règlement (UE) No. 1169/2011 du Parlement européen et du Conseil du 25 octobre 2011 concernant l’information des consommateurs sur les denrées alimentaires. [Google Scholar]
  • Règlement (UE) No. 1226/2014 de la Commission du 17 novembre 2014 relatif à l’autorisation d’une allégation de santé portant sur les denrées alimentaires et faisant référence à la réduction d’un risque de maladie. [Google Scholar]
  • Registre Européen : http://ec.europa.eu/nuhclaims/ [Google Scholar]
  • Soroste A, André JC. 2012. Denrées alimentaires Information des Consommateurs, Étiquetage, Affichage, Publicité, Lamy Conformité. [Google Scholar]

Cite this article as: Camille Simonneau. Quelle communication possible sur le cholestérol pour des produits alimentaires : points sur les évolutions réglementaires en Europe. OCL 2015, 22 (2) D206.

Liste des figures

thumbnail Fig. 1

Extrait du Règlement « INCO », contenu de la déclaration nutritionnelle.

Dans le texte
thumbnail Fig. 2

Liste des allégations nutritionnelles autorisées, source Registre européen.

Dans le texte
thumbnail Fig. 3

Exemple d’allégation fonctionnelle (Art. 13) autorisée relative au cholestérol, source Registre européen.

Dans le texte
thumbnail Fig. 4

Exemple d’allégation de réduction de facteur de risque (Art. 14) autorisée relative au cholestérol, source Registre européen.

Dans le texte
thumbnail Fig. 5

Extrait du règlement (UE) No. 1226/2014 autorisant une nouvelle allégation relative à la réduction du cholestérol pour certaines huiles et matières grasses.

Dans le texte

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