CORPS GRAS ET OBESITE Acides gras alimentaires et obésité : aspects qualitatifs et quantitatifs

Fatty acids in food and obesity: qualitative and quantitative aspects

Centre d’écologie et de physiologie énergétiques, UPR 9010 CNRS, associé à l’université-Louis Pasteur, 23, rue Becquerel, 67087 Strasbourg Cedex 2, France

Résumé

Les triacylglycérols (TAG) adipocytaires représentent la principale forme de stockage des acides gras. Les TAG contiennent un mélange complexe d’acides gras qui diffèrent très nettement par leur structure moléculaire. En effet, les TAG adipocytaires contiennent un vaste spectre d’acides gras, allant en longueur de chaîne de 12 à 24 atomes de carbone et en insaturation de 0 à 6 doubles liaisons [1]. La nature des acides gras stockés dans le tissu adipeux dépend principalement de la composition en acides gras de l’alimentation [2, 3]. Le contrôle des acides gras et notamment des acides gras polyinsaturés (AGPI) stockés dans le tissu adipeux est encore assez peu compris. Si la composition en acides gras des TAG adipocytaires reflète largement celle de l’alimentation, elle ne la suit pas précisément [3]. Ainsi, la proportion en AGPI dans le tissu adipeux est systématiquement plus faible que celle du régime [2]. Une incorporation et une mobilisation sélectives de certains acides gras pourraient en partie expliquer ces observations. En effet, les AGPI sont globalement faiblement incorporés et assez facilement mobilisés. Nous n’aborderons pas ici la sélectivité du métabolisme adipocytaire des acides gras que nous avons précédemment rapportée à nos lecteurs (ocl, 5 : 199-205). Dans le cadre de cette revue, nous centrerons notre propos sur les relations entres acides gras alimentaires, développement du tissu adipeux et régulation de l’expression de gènes hépatiques et adipocytaires.

Abstract

Triacylglycerols represent the main lipid storage of fatty acids within a specialized tissue, white adipose tissue. Stored fatty acids have two origins: either they are synthesized de novo (lipogenesis) within the liver and/or adipose tissue from endogenous precursors, mainly glucose; either they are directly derived from the diet, mainly as triacylglycerols found in oils and animal fats. The nature of the dietary fats could affect lipid metabolism and body fat accumulation. N-6 and above all n-3 polyunsaturated fatty acids (PUFA) from fish oils influence adipose tissue development in a site-specific manner as a function of diet (PUFA content) and feeding period. Diet high in n-3 PUFA results in a preferential partitioning of ingested energy towards oxidation at the expense of storage. Fatty acids are also important mediators of gene expression in the liver and adipose tissue. Indeed, genes encoding both glycolytic and lipogenic enzymes and key metabolic enzymes involved in fatty acid oxidation are regulated in the liver by dietary PUFA. Concerning adipose tissue, fatty acids and above all PUFA regulate gene expression of various proteins within adipose tissue. The mechanisms of PUFA-mediated repression of gene expression in adipocytes seem different, at least partly, from that described in liver. Tissue-specific and site-specific factors are possibly involved in the specific effect of PUFA on gene expression although other mechanisms cannot be definitively excluded.