Open Access
Issue
OCL
Volume 21, Number 3, May-June 2014
Article Number D304
Number of page(s) 12
Section Dossier: Vitamin D, vitamin or hormone? / La vitamine D, vitamine ou hormone ?
DOI https://doi.org/10.1051/ocl/2013059
Published online 29 April 2014

© J.-C. Souberbielle, published by EDP Sciences, 2014

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1 Métabolisme de la vitamine D

La vitamine D est très importante pour la croissance et la santé osseuse. À côté de ses effets classiques bien connus sur le métabolisme phospho-calcique et osseux, la vitamine D a des effets de mieux en mieux documentés sur bien d’autres fonctions de l’organisme.

Tableau 1

Les principales sources alimentaires de vitamine D (1 μg = 40 UI).

Quand on parle de vitamine D, on considère indifféremment la vitamine D3 ou cholécalciférol, d’origine humaine ou animale, et la vitamine D2 ou ergocalciférol d’origine végétale. Le terme « vitamine  », c’est-à-dire un produit « vital » que l’organisme ne peut pas produire, est très largement inapproprié pour la vitamine D. En effet, bien qu’il existe quelques rares sources alimentaires de vitamine D3, principalement les poissons gras marin (Tab. 1), et que des suppléments sous forme de vitamine D3 ou de vitamine D2 soient disponibles, la peau, à partir du 7-dehydrocholestérol, peut synthétiser de la vitamine D3 sous l’action des rayonnements UVB et il s’agit là de la source naturelle principale de vitamine D (Holick et al., 2007). Ces UVB ne sont présents en France que quelques mois par an (entre avril et octobre à Paris par exemple) et ce n’est qu’à ces périodes que la synthèse cutanée de vitamine D3 est possible. Pendant ces périodes, la capacité à synthétiser de la vitamine D3 est toutefois dépendante de différents facteurs. Elle est diminuée chez les sujets âgés (du fait d’un appauvrissement cutané en 7-dehydrocholestérol), chez les sujets à peau pigmentée (la pigmentation agissant comme un filtre pour les UVB), ou en cas de pollution athmosphérique ou de couverture nuageuse (du fait d’une moindre disponibilité des UVB). Le port de vêtements couvrants ou l’utilisation de crèmes solaires empêchent la synthèse de vitamine D. Le fait de vivre dans une région ensoleillée n’est donc pas obligatoirement synonyme de production optimale de vitamine D. La vitamine D (D2 ou D3) doit être transformée au niveau hépatique puis au niveau rénal pour devenir pleinement active en se liant à un récepteur présent dans des tissus cibles qu’elle atteint via la circulation sanguine. Elle peut donc être considérée plutôt comme une « pré-pro-hormone » que comme une vitamine.

La vitamine D (D2 ou D3) est transportée dans le sang par la « vitamin D binding protein » (DBP) et est hydroxylée dans le foie pour former la 25-hydroxy vitamine D (25OHD). Cette hydroxylation hépatique est très peu régulée et, plus on ingère ou plus on synthétise de la vitamine D, plus on fait de la 25OHD. La demi-vie de la 25OHD est de l’ordre de trois semaines et sa concentration sérique représente le statut vitaminique D d’un individu. Ceci est un consensus.

Cette 25OHD est de nouveau hydroxylée sous l’action d’une enzyme, la 1α-hydroxylase, pour faire de la 1,25 dihydroxy vitamine D (1,25OH2D) ou calcitriol, le métabolite actif de la vitamine D dont la demi-vie est courte (environ 4 h). Cette seconde hydroxylation se fait classiquement dans les cellules du tubule proximal rénal, mais on sait aujourd’hui qu’elle est possible dans de très nombreux autres tissus. L’hydroxylation par la 1α-hydroxylase rénale est très étroitement régulée par les hormones du métabolisme phospho-calcique. Elle est stimulée en particulier par la PTH et inhibée par le FGF23 et le calcitriol lui-même. Elle permet de produire la 1,25OH2D « hormone » qui va passer dans le sang et aller agir sur des tissus cibles où elle se lie au récepteur de la vitamine D (VDR) situé dans le cytosol de ces cellules.

Ce mécanisme hormonal est la base des effets « classiques » phospho-calciques et osseux de la vitamine D. Il s’agit d’effets génomiques où, une fois qu’il a lié le calcitriol, le VDR s’associe à une autre protéine, le récepteur de l’acide rétinoique (RXR) et se lie ensuite à l’ADN en des sites spécifiques appelés éléments de réponse à la vitamine D (VDRE), stimulant (ou inhibant) ainsi la synthèse de protéines. Les principaux tissus cibles du calcitriol circulant sont la cellule intestinale où il stimule l’absorption du calcium et du phosphate, l’ostéoblaste où il stimule la synthèse du RANKL, une cytokine dont le rôle dans la résorption osseuse est fondamental, le rein où il contrôle l’expression dans le tubule distal de la protéine TRPV5 nécessaire à la réabsorption du calcium, et les parathyroïdes où il contrôle la sécrétion de PTH.

On peut noter qu’il existe par ailleurs une voie d’inactivation de la vitamine D via la formation de composés hydroxylés sur le carbone 24 grâce à une 24-hydroxylase. L’expression de la 24-hydroxylase dans le tubule proximal est stimulée par le FGF23 et le calcitriol Son importance a été récemment mise en exergue avec la démonstration que des mutations inactivatrices du gène codant pour cette enzyme (CYP24A1) étaient responsables d’une « hypersensibilité à la vitamine D » avec hypercalcémie néonatale sévère (Schlingmann et al., 2011).

De très nombreux tissus n’ayant rien à voir avec le métabolisme phospho-calcique et osseux expriment le VDR, la 1-alpha-hydroxylase et la 24-hydroxylase. La 25OHD pénètre dans ces tissus où elle est transformée en calcitriol qui agit localement après liaison au VDR, hétérodimérisation avec le RXR et liaison à des VDRE. Ce calcitriol produit localement ne ressort pas de la cellule et ne participe donc pas au métabolisme phospho-calcique. Cette production « périphérique » de calcitriol ne semble pas régulée par les hormones calciotropes (la PTH, le FGF23...) mais dépend d’une concentration suffisante de 25OHD dans le liquide extra-cellulaire de ces tissus. C’est la base des effets génomiques « non-classiques » de la vitamine D qu’on peut qualifier d’intracrines, par opposition aux effets classiques endocrines. On sait maintenant que le calcitriol circulant peut exercer aussi des effets non génomiques sur certains tissus (activation de tyrosines kinases, modification du flux de calcium intracellulaire...) après liaison à des protéines membranaires mal identifiées, probablement un (ou des) variant(s) du VDR (Nemere et al., 1998).

La Figure 1 résume les étapes principales du métabolisme de la vitamine D.

thumbnail Fig. 1

Résumé du métabolisme de la vitamine D. La vitamine D2 et la vitamine D3 sont transportées dans le sang par la DBP. La vitamine D (D2 ou D3) est hydroxylée dans le foie pour former de la 25OHD dont la concentration sérique représente le statut vitaminique d’un individu. Cette hydroxylation hépatique est très peu régulée et, plus on ingère ou plus on synthétise de la vitamine D, plus on produit de la 25OHD. Cette 25OHD est de nouveau hydroxylée pour faire de la 1,25OH2D, le métabolite actif de la vitamine D. Cette seconde hydroxylation peut se faire soit dans les cellules tubule proximal rénal, soit dans de très nombreux autres tissus. L’hydroxylation rénale, qui est très étroitement régulée par des hormones du métabolisme phospho-calcique comme la PTH ou le FGF23, permet de produire la 1,25OHD « hormone » (c’est-à-dire qui va passer dans le sang et aller agir sur des tissus cibles où elle se lie au VDR), alors que l’hydroxylation « périphérique » est indépendante de la régulation phospho-calcique et produit de la 1,25OH2D qui agit localement (de manière « intracrine ») et ne participe pas au métabolisme phospho-calcique. De manière intéressante, la production rénale proximale de 1,25OH2D est inversement proportionnelle à la concentration de 25OHD circulante du fait d’une hyperparathyroïdie secondaire lorsqu’il existe une «  insuffisance » en vitamine D (sauf si il y a trop peu de 25OHD auquel cas la production de 1,25OH2D diminue), alors que la production « périphérique » est, elle, proportionnelle à la concentration de 25OHD circulante.

2 Effets « classiques et « non-classiques » de la vitamine D

2.1 Effets « classiques »

Les différents effets endocrines de la vitamine D sont nécessaires à la minéralisation osseuse. Un déficit profond en vitamine D peut causer des pathologies caractérisées par un défaut de minéralisation osseuse, le rachitisme chez l’enfant et l’ostéomalacie chez l’adulte (Holick, 2006). Un déficit moins profond n’entraînera pas de défaut de minéralisation évident mais pourra favoriser une ostéoporose, surtout au-niveau de l’os cortical. Dans des études observationnelles, le déficit en vitamine D est associé à des densités minérales osseuses basses et à une augmentation du risque relatif de fractures ostéoporotiques (Bischoff-Ferrari et al., 2004). La supplémentation en vitamine D (le plus souvent associée à du calcium), réduit le risque de fractures non vertébrales chez les sujets de plus de 65 ans à condition que les doses de vitamine D soient d’au moins 800 UI par jour (Bischoff-Ferrari et al., 2009b). Enfin, les traitements de fond de l’ostéoporose inhibant la résorption osseuse, et en particulier les bisphosphonates, sont moins efficaces en terme d’épargne fracturaire s’ils sont administrés à des patients déficitaires en vitamine D (Adami et al., 2009). Pour toutes ces raisons, corriger un déficit vitamino-calcique est un préalable à la mise sous traitement de fond de l’ostéoporose (Benhamou et al., 2011).

2.2 Effets « non-classiques »

De très nombreuses études ont rapporté une association entre déficit en vitamine D et de nombreuses maladies ou anomalies.

  • Le déficit en vitamine D est associé a la sarcopénie chez le sujet âgé. La vitamine D a une action démontrée sur le muscle et un traitement par vitamine D (800 UI/j au moins) associé à du calcium réduit le risque relatif de chute chez les sujets âgés (ce qui peut expliquer en partie la diminution du risque de fractures périphériques) (Bischoff-Ferrari et al., 2009a).

  • Un déficit en vitamine D est associé à une augmentation du risque relatif de développer différents cancers, surtout colo-rectaux (Feskanich et al., 2004) et du sein (Garland et al., 2007).

  • Un déficit en vitamine D est associé à un risque accru d’évènements cardio-vasculaires mais aussi de mortalité cardio-vasculaire (Pilz et al., 2009). Les mécanismes sont complexes et concernent des effets directs de la vitamine D sur les cellules endothéliales vasculaires, mais aussi des effets indirects car la vitamine D contrôle la sécrétion de l’insuline et la sensibilité à l’insuline, diminue l’inflammation, contrôle des protéines impliquées dans la formation de calcifications vasculaires, réduit la sécrétion d’hormone parathyroïdienne, et contrôle le gène de la rénine ce qui lui confère des propriétés anti-hypertensives.

  • La vitamine D est un immunomodulateur. Globalement, de nombreuses études expérimentales sont en faveur d’une inhibition de l’immunité acquise et d’une stimulation de l’immunité innée par la vitamine D. Cette inhibition de l’immunité acquise par la 1,25(OH)2D semble bénéfique dans un certain nombre de pathologies auto-immunes (ou à composante auto-immune) comme la sclérose en plaques, le diabète de type 1, la polyarthrite rhumatoïde, le lupus...(Arnson et al., 2007). La modulation de l’immunité innée suggère des propriétés anti-infectieuses de la vitamine D. On sait maintenant que les macrophages ou les monocytes exposés à un agent infectieux comme le bacille de la tuberculose, surexpriment le « Toll-like receptor 2 », le VDR et la 1-alpha hydroxylase. À condition que la concentration de 25OHD dans le liquide extra-cellulaire de ces cellules soit suffisante, elles vont former de la 1,25(OH)2D qui va induire la production de peptides « antimicrobiens », en particulier la cathélicidine, que l’on peut considérer comme des antibiotiques naturels, et qui vont contribuer à détruire l’agent infectieux (Liu et al., 2006).

  • Le déficit en vitamine D en début de grossesse a été associé à un risque accru de prééclampsie (Bodnar et al., 2007) et de diabète gestationnel (Poel et al., 2012).

  • Chez l’insuffisant rénal non dialysé, le déficit en vitamine D est associé à une progression plus rapide de la maladie rénale (Bienaime et al., 2013).

  • Plus globalement, le déficit en vitamine D est associé à une mortalité plus précoce dans différentes études observationnelles prospectives (Zitterman et al., 2012), mais aussi interventionnelles (Autier et Gandini, 2007).

Ces effets classiques et non classiques de la vitamine D dépendent en partie des spécificités génétiques des individus. Il existe en effet différents polymorphismes du VDR et de la 1-alpha hydroxylase ayant potentiellement des conséquences sur les actions du calcitriol, ou la capacité à synthétiser ce métabolite.

2.3 Niveau de preuves

« Association » ne veut toutefois pas dire « causalité », et en dehors de la réduction des chutes qui est documentée par plusieurs études d’intervention positives qui ont fait l’objet de méta-analyses, les autres effets « non-classiques » de la vitamine D mentionnés ci-dessus sont surtout documentés par des études d’observation et des études expérimentales. Il existe toutefois, en plus des essais montrant une diminution du risque de chutes et de fractures non vertébrales, des essais contrôlés récents (une quarantaine, sans compter les études, très nombreuses, où l’administration de vitamine D a fait baisser la PTH et/ou les marqueurs biologiques du remodelage osseux). Ils ont montré des effets bénéfiques sur le risque relatif de cancer (une étude (Lappe et al., 2007)), sur des paramètres intermédiaires associés à la « santé cardio-vasculaires » (réduction de la concentration de cytokines pro-inflammatoires (Schleithoff et al., 2006), de paramètres biologiques témoignant de la résistance à l’insuline chez des patients intolérants au glucose (Mitri et al., 2011), de la pression artérielle chez des patients hypertendus (Witham et al., 2009), ou encore de la rigidité artérielle (Dong et al., 2010)), ou sur certaines pathologies infectieuses (Camargo et al., 2012 ; Urashima et al., 2010) ou leurs complications (Nimer et al., 2012). Les résultats de ces études ne sont toutefois pas obligatoirement transposables à la population générale et des grands essais d’intervention restent donc nécessaires. Par ailleurs, de nombreuses autres études n’ont pas montré d’effets bénéfiques et une seule étude, où une très forte dose (500 000 UI de vitamine D3) a été administrée annuellement pendant trois ans à des femmes ostéoporotiques de 80 ans environ, a rapporté des résultats plus mauvais dans le groupe traité par vitamine D que dans le groupe placebo avec un excès transitoire (pendant les trois mois qui suivaient l’administration) de chutes et de fractures (Sanders et al., 2010).

Les raisons pouvant potentiellement expliquer les discordances entre ces différentes études d’intervention sont multiples. Certaines sont les mêmes que les raisons expliquant la réussite ou la non-réussite d’un essai d’intervention avec un médicament. Il s’agit par exemple de l’utilisation de doses trop faibles du produit à tester ou d’une mauvaise observance qui diminue la puissance statistique. Un excellent exemple illustrant parfaitement ces deux points est la grande étude WHI (Jackson et al., 2006) où plus de 36 000 femmes américaines ménopausées ont été randomisées pour recevoir soit un placebo, soit 1000 mg de calcium et 400 UI de vitamine D3 par jour. L’objectif principal était d’évaluer l’effet de cette intervention sur le risque relatif de fractures ostéoporotiques. En intention de traiter, il n’a pas été observé de diminution du risque de fracture pendant la période de 6 ans. Dans cette étude, l’observance était de 50 % ce qui a diminué fortement la puissance statistique. Il a par ailleurs été bien montré dans les meta-analyse qui ont stratifié les différentes études en fonction de la dose de vitamine D reçue qu’une dose journalière de 800 UI au moins était nécessaire pour réduire le risque relatif de fractures (Bischoff-Ferrari et al., 2009b) et de chutes (Bischoff-Ferrari et al., 2009a). On notera toutefois que dans une analyse per-protocole de l’étude WHI, le risque de fracture de hanche était diminué significativement chez les femmes qui avaient reçu la vitamine D et le calcium et dont l’observance avait été supérieure à 80 % par rapport au groupe placebo. Une autre raison pouvant expliquer des résultats contradictoires entre deux études est l’état clinique de base des patients inclus. On peut prendre comme exemple deux études récentes contrôlées contre placebo où la même dose de vitamine D3 (20 000 UI par semaine) a été donnée pendant la même durée (1 an) à des patients atteints de sclérose en plaques vivant en Finlande (dans les deux études). Dans la première étude (Kampman et al., 2012), l’intervention n’a pas modifié les paramètres cliniques et d’imagerie des patients, alors que dans la seconde (Soilu-Hänninen et al., 2012) les lésions T1 à IRM et le score d’évolutivité (EDSS) ont été significativement améliorés. Le nombre de patients dans les deux études était le même et la seule chose qui différait était le taux de poussées annualisé qui était de 0,1 dans la première étude (soit grossièrement une poussée tous les 10 ans) et de 0,5 dans la seconde (soit grossièrement une poussée tous les deux ans).

Tableau 2

Paramètres et conditions à contrôler pour une évaluation efficace des effets de la vitamine D dans des études d’intervention contrôlées contre placebo.

Tableau 3

Facteurs environnementaux influençant le statut vitaminique D.

Mais la vitamine D n’est pas vraiment un médicament comme les autres et certaines discordances entre études peuvent probablement s’expliquer par des raisons comparables à celles que l’on peut discuter lors d’un essai d’un nutriment contre un placebo. En effet, lors de l’essai d’un médicament, la concentration de ce médicament dans le sang des participants à l’inclusion est (par définition) nulle. Ce n’est pas le cas pour la vitamine D dont la concentration sanguine dépend de la population étudiée (voir plus loin le Tab. 3). On peut prendre comme exemple deux études très récentes où une supplémentation en vitamine D a permis de réduire de moitié l’incidence des infections respiratoires dans la première étude (Camargo et al., 2012) mais n’en a pas modifié l’incidence dans la seconde étude (Murdoch et al., 2012). L’explication la plus probable est que dans la deuxième étude, les sujets inclus avaient une concentration initiale de 25OHD que l’on peut considérer comme « normale » (29 ng/ml en moyenne – voir ci-aprés) alors que dans la première étude ils étaient franchement déficitaires (7 ng/ml en moyenne). Dans un autre essai d’intervention récent (3000 UI de vitamine D3 par jour versus placebo) (Larsen et al., 2012) dont l’objectif principal était la réduction de la pression artérielle enregistrée sur 24 h chez des patients modérément hypertendus traités par ARA2 ou IEC, l’analyse en intention de traiter n’a pas montré de différence significative entre les deux groupes (même si un objectif secondaire, la pression artérielle mesurée au cabinet du médecin, était amélioré dans le groupe « vitamine D ») alors que dans une analyse post-hoc, l’objectif principal était significativement amélioré si on ne considérait que les sujets qui à l’entrée dans l’étude avaient une concentration sérique de 25OHD <32 ng/ml (ce qui correspondait à plus des 3/4 des patients). Un autre aspect particulier aux essais avec la vitamine D est la possibilité, dans certaines études, que les patients inclus continuent à prendre les suppléments de vitamine D qu’ils prenaient avant l’étude. Ceci a bien été illustré dans une récente analyse « poolée » d’essais d’intervention visant à démontrer l’effet de la vitamine D sur le risque de fractures (Bischoff-Ferrari et al., 2012) où, paradoxalement, certaines patientes des groupes placebo avaient reçu plus de vitamine D pendant l’étude que certaines patientes du groupe « vitamine D ».

Ce que je veux dire par les lignes qui précèdent c’est que l’analyse en intention de traiter nécessaire à une évaluation fiable des médicaments selon le concept de l’evidence-based medicine ne devrait pas obligatoirement s’appliquer systématiquement à l’évaluation des effets de la vitamine D (ou de n’importe quel autre nutriment), ou, tout du moins, devrait être adaptée. Cela dit, les essais contrôlés resteront le « gold standard » permettant de convaincre les sceptiques (et les autorités sanitaires) et il me semble donc important de définir des conditions pour ces études permettant d’éviter au mieux les biais d’interprétation (voir le Tab. 2 pour une tentative de liste).

3 Définition de l’insuffisance en vitamine D

Le paramètre biologique qui définit le statut vitaminique D est la concentration sérique de 25OHD (et surtout pas la concentration de calcitriol). De nombreux experts considèrent qu’une concentration inférieure à 20 ng/ml (soit 50 nmol/L) correspond à un déficit en vitamine D (c’est-à-dire ce qu’il faut éviter chez tout le monde) et qu’une concentration de 20 à moins de 30 ng/ml (soit 50–75 nmol/L) correspond à une insuffisance en vitamine D (c’est-à-dire ce qu’il faut éviter pour – au moins – un certain nombre de patients) (Adams et Hewison, 2010 ; Benhamou et al., 2011 ; Bischoff-Ferrari et al., 2006 ; Dawson-Hughes et al., 2005, 2010 ; Holick et al., 2011 ; Perez-Lopez, 2012 ; Vieth, 2004). Cette valeur seuil de 30 ng/ml était basée initialement sur la relation entre la 25OHD et la PTH retrouvée dans des populations en bonne santé apparente (concentration de 25OHD au-dessous de laquelle la PTH peut s’élever). Il faut cependant souligner que les différents travaux qui ont étudié cette relation ont abouti à des conclusions quelque peu discordantes (Aloia et al., 2006). En effet, la sécrétion de PTH est avant tout influencée par la calcémie ionisée et, si elle est bien dépendante du statut en vitamine D, elle dépend également de nombreux autres facteurs comme les apports calciques, l’absorption digestive du calcium, le statut en magnésium ou la fonction rénale. Cette valeur de 30 ng/ml est cohérente avec une étude récente où des signes subtils de défaut de minéralisation osseuse détectés sur des biopsies osseuses (augmentation du volume ostéoïde) étaient retrouvés pour des concentrations de 25OHD jusqu’à 30 ng/ml (Priemel et al., 2010), ainsi qu’avec une autre étude récente où, après administration de vitamine D, la PTH a baissé chez les patients dont le taux initial de 25OHD était inférieur ou égal à 28 ng/ml (Okazaki et al., 2011). Elle est également compatible avec les concentrations de 25OHD retrouvées dans les groupes « vitamine D » des essais cliniques qui ont démontré un effet positif de la vitamine D par rapport à un placebo pour diminuer le risque relatif de fractures (Bischoff-Ferrari et al., 2009b) et de chutes (Bischoff-Ferrari et al., 2009a). Il faut reconnaître que cette concentration minimale de 30 ng/ml ne fait pas l’objet d’un consensus absolu et que certains auteurs comme les membres du groupe de l’Institute of Medicine nord-américain (IOM) considèrent qu’une concentration de 20 ng/ml (50 nmol/L) est largement suffisante en population générale (Ross et al., 2011) alors que d’autres militent pour une valeur minimale de 40 ng/ml (100 nmol/L) (Hollis, 2005).

De toutes les façons, toutes les études épidémiologiques montrent que, quel que soit le seuil choisi pour définir l’insuffisance en vitamine D (20, 30, ou 40 ng/ml), celle-ci est très fréquente dans la population générale (Mithal et al., 2009) et que le statut vitaminique D est dépendant de nombreux facteurs environnementaux et génétiques (Tab. 3). Une étude publiée dans le cadre du programme national Nutrition-Santé (ENNS) montre qu’en France, en population générale, environ 80 % des participants ont une concentration sérique de 25OHD inférieure à 30 ng/ml et presque la moitié une concentration inférieure à 20 ng/ml (Vernay et al., 2012). On peut alors se demander comment il est possible que dans des pays comme la France, où la nourriture est largement accessible et variée, un déficit en une vitamine puisse être aussi fréquent. La réponse est très simple et a été suggérée plus haut : la vitamine D n’est pas une vraie vitamine! La source principale est la synthèse cutanée lors de l’exposition aux UVB et l’accès (où tout du moins l’exposition) à cette source est de plus en plus limité du fait du mode de vie moderne.

On réserve en général le terme de « carence » (c’est-à-dire la possibilité d’apparition de la maladies aigüe due à une déficit profond en vitamine D : le rachitisme ou l’ostéomalacie) pour des concentrations de 25OHD inférieures à 10–12 ng/ml (Holick, 2006).

La limite supérieure acceptable aujourd’hui pour définir un statut vitaminique satisfaisant se situe entre 60 et 80 ng/ml. Cette zone de valeur correspond en effet aux concentrations maximales retrouvées dans des populations qui s’exposent généreusement à un soleil apportant des UVB toute l’année (par exemple chez les Massais, une minorité vivant en permanence sur les hauts plateaux Tanzaniens ou Kenyans, proches de l’Équateur qui ont une concentration moyenne de 25OHD de 46 ng/ml avec des extrèmes compris entre 25 et 75 ng/ml (Luxwolda et al., 2012)). Elle est par ailleurs suffisamment éloignée de la concentration minimale associée à une possible intoxication à la vitamine D (150 ng/ml) (Hathcock et al., 2007). Il faut aussi souligner le fait que dans de très rares études observationnelles, la relation entre concentration de 25OHD et risque relatif de la maladie étudiée était au mieux représentée par une courbe en U (ou en J inversé) ce qui veut dire un risque plus élevé pour les valeurs basses, mais aussi pour les valeurs élevées, avec une élévation du risque pour des concentrations à partir de 50 ng/ml (Tuohimaa et al., 2004 ; Stolzenberg-Solomon et al., 2010).

4 Doit-on doser la 25OHD avant de traiter, et si oui, chez qui ?

Le nombre considérable d’articles sur la vitamine D publiés récemment a attisé l’intérêt de la communauté médicale et scientifique avec, parmi les conséquences, une augmentation très importante du nombre de dosages de vitamine D prescrits en pratique clinique. Comme ces dosages sont remboursés par l’assurance maladie (B65, soit 17.55 Euros en France fin 2012), il est légitime d’évaluer si ces prescriptions sont réellement justifiées.

Il n’y a pas aujourd’hui de recommandations fermes issues de sociétés savantes ou d’une autorité sanitaire définissant les indications du dosage de 25OHD. Les propositions ci-dessous ne doivent donc être considérées que comme reflétant mon opinion actuelle (qui peut changer en fonction de l’évolution des données publiées).

On peut proposer de doser la 25OHD chez les patients ayant une maladie (ou une anomalie) pour laquelle une concentration cible de 25OHD est définie avec un niveau de preuves suffisant.

La notion de niveau de preuves suffisant peut être soumise à controverse. Elle signifie pour moi un niveau de 25OHD basé sur les concentrations mesurées dans les groupes ayant reçu de la vitamine D dans des essais d’intervention contrôlés qui ont montré des effets positifs (résultats meilleurs dans le groupe vitamine D que dans le groupe placebo). Il faut reconnaitre que ce type d’information n’est réellement disponible que pour les effets musculo-squelettiques (effet sur les chutes et les fractures non vertébrales) et phospho-calciques (contrôle de la calcémie/phosphatémie et de la sécrétion de PTH) de la vitamine D. Dans ces situations, la concentration cible minimale de 30 ng/ml (75 nmol/L) s’applique à mon avis. Il s’agit des patients ayant :

  • un rachitisme ou une ostéomalacie;

  • une ostéoporose (avec ou sans fracture);

  • un risque accru d’ostéoporose (ou de perte osseuse accélérée), car ils reçoivent des traitements potentiellement délétères pour l’os comme par exemple des corticoïdes au long cours (à partir de 7 mg d’équivalent prednisone par jour), des anti-aromatases chez des femmes ayant eu un cancer du sein ou un analogue de la GnRH chez des patients ayant eu un cancer de la prostate;

  • un risque accru d’ostéoporose (ou de perte osseuse accélérée), car ils ont une malabsorption (maladie coeliaque, mucoviscidose, maladie de Crohn, etc.);

  • une chirurgie bariatrique et en particulier un bypass gastrique. Les obèses sont très fréquemment déficitaires en vitamine D mais n’ont en général pas d’ostéoporose. Cependant après bypass gastrique, on observe en général une perte osseuse accélérée. Ces patients cumulent deux raisons d’être déficitaires en vitamine D :

    • même s’ils ont perdu 50 kg, ils sont très souvent encore obèses et séquestrent donc une partie de leur vitamine D dans leur masse grasse,

    • ils ont un certain degré de malabsorption due à l’acte chirurgical lui-même et peuvent présenter un défaut d’absorption de la vitamine D mais aussi du calcium;

  • une insuffisance rénale chronique (IRC) aux stades 3–5 (c’est-à-dire avec un DFG < 60 ml/mn/1,73 m2), mais aussi les patients dialysés et ceux ayant eu une transplantation rénale. Doser la 25OHD chez les IRC et corriger un éventuel déficit comme on le fait en population générale est une recommandation des derniers guidelines pour la prise en charge des anomalies du métabolisme osseux et minéral des IRC (KDIGO, 2009). Une hyperparathyroïdie secondaire est très fréquente dans l’IRC avec un certain nombre de conséquences néfastes. Il faut rappeler que, jusqu’à une période récente, les néphrologues étaient habitués à traiter leurs patients par des dérivés actifs de la vitamine D (des analogues du calcitriol) et pas par de la vitamine D « native » pour contrôler la sécrétion de PTH. Ils pensaient en effet qu’en raison de la baisse (ou de l’absence) de fonctionnalité du rein, la vitamine D native ne pouvait pas être activée en calcitriol. Des études récentes ont montré qu’une supplémentation par vitamine D2 ou D3 permettait de faire baisser modestement mais significativement la PTH des IRC y compris chez les dialysés (Jean et al., 2009) et les transplantés rénaux (Courbebaisse et al., 2009). Par ailleurs, plusieurs études prospectives observationnelles et quelques études d’intervention ont associé le déficit en vitamine D à un excès de mortalité chez les IRC dialysés ou non (Pilz et al., 2011), à une diminution accélérée du DFG (Bienaime et al., 2013), et à un excès d’albuminurie (Kim et al., 2011). Les choses ont donc changé et la supplémentation en vitamine D des IRC est devenue une pratique courante;

  • une hyperparathyroïdie primitive. Si ces patients sont très souvent déficitaires en vitamine D et ostéoporotiques, ils sont aussi hypercalcémiques. Administrer à des patients hypercalcémiques un produit qui augmente l’absorption de calcium et qui, lorsqu’il est administré à des doses extrèmement fortes peut induitre une hypercalcémie, une hypercalciurie et des calcifications extra-squelettiques a longtemps été considéré avec suspicion par le corps médical. Il a été montré en 2005 que l’administration de relativement fortes doses de vitamine D3 (50 000 UI par semaine pendant un mois puis 50 000 UI par mois les 11 mois suivant) à des patients ayant une hyperparathyroïdie primitive et une calcémie inférieure à 3 mmol/L n’avait pas fait augmenter la calcémie ou la phosphatémie et avait permis de faire baisser la concentration de PTH d’environ 30 % (Grey et al., 2005). Cette étude princeps a été suivie par d’autres études rapportant des résultats similaires (Souberbielle et al., 2010) si bien que le groupe d’experts qui a rédigé les dernières recommandations sur la prise en charge de l’hyperparathyroïdie primitive asymptomatique recommande de traiter par vitamine D tous les patients hyperparathyroidiens qui sont aussi déficitaires en vitamine D (Eastell et al., 2009). Il est également recommandé de supplémenter tous ces patients par vitamine D (et calcium si besoin) après parathyroïdectomie afin d’éviter le « hungry bone syndrom » d’une part et d’améliorer leur densité osseuse d’autre part (Souberbielle et al., 2010).

Chez les patients qui ont une granulomatose et en particulier une sarcoïdose, il est conseillé de maintenir la concentrations de 25OHD entre 15 et 20 ng/ml afin d’éviter d’une part les risques d’hypercalcémie due à une synthèse non contrôlée de calcitriol et d’autre part un déficit sévère en vitamine D, fréquent chez ces patients en raison de la peur d’induire une hypercalcémie.

On peut aussi conseiller de doser la vitamine D chez ceux présentant des symptômes persistant et compatibles avec un déficit profond en vitamine D (par exemple douleurs musculaires diffuses, sujets âgés faisant des chutes à répétition sans explication...) ou une intoxication à la vitamine D (par exemple calcifications extra-squelettiques, nephrocalcinose ou lithiase rénale à répétition) ainsi que chez ceux recevant un traitement connu pour modifier le métabolisme de la vitamine D (certains anticonvulsivants et barbituriques comme le phénobarbital ou anti-fongiques comme le ketokonazole). Chez ces patients il n’y a pas de cible particulière à recommander mais il est logique de considérer que pour des concentrations entre 20 et 60 ng/ml la probabilité pour que la vitamine D soit impliquée dans ces symptômes est extrèmement faible.

Enfin, et plus généralement, le dosage de la 25OHD est utile chez n’importe quel patient chez qui une exploration du métabolisme phospho-calcique incluant au moins la calcémie, la phosphatémie et la PTH est prescrite quelle qu’en soit la raison. La concentration de 25OHD sera particulièrement importante lorsqu’une concentration élevée de PTH sera détectée en présence d’une calcémie normale. Elle permettra d’aider à différencier une hyperparathyroïdie secondaire (dont l’une des causes les plus fréquentes est le déficit en vitamine D) d’une hyperparathyroïdie primitive normo-calcémique (Lowe et al., 2007).

Tableau 4

Spécialités pharmaceutiques de vitamine D disponibles en France début janvier 2013. Il ne s’agit que des spécialités de vitamine D native (D2 ou D3). Les formes hydroxylées disponibles, 25OHD (Dedrogyl ®), 1-OH vitamine D (un-alfa®) et 1,25OH2 vitamine D (Rocaltrol®) ne sont à utiliser que dans le cadre de maladies particulières : maladies hépatiques sévères ou malabsorptions pour la 25OHD, hypoparathyroïdies, pseudohypoparathyroïdies, diabètes phosphatés avec ostéomalacie, insuffisance rénale chronique pour la 1-OH, et la 1,25OH2 vitamine D.

5 Traitement par la vitamine D

Comme on l’a vu plus haut, l’insuffisance en vitamine D est très fréquente. Pour maintenir une concentration de 25OHD au-dessus de 20 ng/ml, les recommandations de l’IOM sont de consommer 600 UI par jour quand on a moins de 70 ans et 800 UI par jour quand on a plus de 70 ans (Ross et al., 2011). Cependant, la majorité des experts considèrent que ces recommandations sont trop faibles (Heaney et Holik, 2011) ce qui est confirmé par une étude récente de meta-regression montrant que pour que 95 % de la population ait une concentration de 25OHD supérieure à 20 ng/ml, 1000 UI par jour environ sont nécessaires (Cashman et al., 2011). Les experts de l’Endocrine Society (Holick et al., 2011) considèrent que les besoins moyens pour maintenir une concentration de 25OHD supérieure à 30 ng/ml sont de 1500 à 2000 UI/J (ce qui veut dire qu’environ la moitié de la population a une concentration inférieure à 30 ng/ml avec ces apports). En France, les apports journaliers recommandés (AJR) sont toujours de 200 UI/J et les apports nutritionnels conseillés (ANC) pour les adultes sont de 400 UI/J au-dessous de 70 ans et 600 UI/J au-dessus. L’étude de l’ENNS citée plus haut montre que les apports moyens en population générale française sont de 92 UI/J. Il y a donc de vraies raisons pour améliorer (augmenter) la consommation de vitamine D en France. Cela peut se faire par une modification des politiques de supplémentation (modalités à définir consensuellement) ou/et par le traitement médicamenteux.

Si la voie médicamenteuse est choisie, différentes études publiées récemment permettent d’établir un certain nombre de règles pour le traitement par vitamine D.

5.1 Peut-on utiliser indifféremment de la vitamine D2 et de la vitamine D3 ?

Lorsqu’on prescrit des doses « espacées », il est maintenant clair que la vitamine D3 est supérieure à la vitamine D2. En effet, la demi-vie de la 25OHD3 est nettement plus longue que celle de la 25OHD2 permettant de maintenir un statut vitaminique D satisfaisant plus longtemps (Armas et al., 2004). L’explication proposée est que la DBP (qui transporte les métabolites de la vitamine D) a une affinité plus forte pour la 25OHD3 que pour la 25OHD2 et permet ainsi de maintenir plus longtemps la concentration circulante de 25OHD.

Lorsque le traitement est prescrit en doses journalières, il n’y a pas de données suffisamment solides aujourd’hui pour favoriser la vitamine D3 par rapport à la vitamine D2(Holick et al., 2008).

5.2 Peut-on prescrire indifféremment un traitement journalier et des doses « espacées  »

Alors qu’un traitement journalier peut paraître plus physiologique, un traitement « espacé » peut permettre de favoriser l’adhérence. Une attitude pragmatique peut être de faire choisir les patients en leur expliquant les avantages et inconvénients des deux types de traitement. Dans notre expérience, environ 85 % des patients préfèrent des doses « espacées » et donc environ 15 % optent pour un traitement journalier (le plus souvent par peur d’oublier les doses espacées). Ce qui est maintenant bien accepté, c’est que si on choisit un traitement intermittent, il ne faut pas trop espacer les prises et qu’elles ne soient pas trop fortes. En effet, dans un essai d’intervention contrôlé récent, des patientes ayant reçu une dose annuelle de 500 000 UI de vitamine D3 pendant trois ans on fait plus de chutes et de fractures que les patientes ayant reçu le placebo (Sanders et al., 2010). Même si les raisons ne sont pas claires, ce précédent a modifié les pratiques. En terme de maintien d’une concentration stable de 25OHD, nous avons la démonstration qu’une dose mensuelle de vitamine D3 et le 1/30e de cette dose administré tous les jours aboutissent à la même concentration de 25OHD (par exemple 1500 UI par jour versus 45 000 UI par mois (Ish-Shalom et al., 2008)). Nous savons aussi que des patients qui ont reçu 200 000 UI de vitamine D3 augmentent plus leur concentration de 25OHD que ceux qui ont reçu 100 000 UI (l’augmentation n’est toutefois pas du double) mais qu’au bout de trois mois, les deux groupes ont la même concentration de 25OHD.

Donc, en cas de traitement intermittent, il est conseillé de ne pas donner de doses trop fortes et trop espacées. Si, par exemple, on choisit une posologie de 1500 à 2000 UI par jour de vitamine D comme le recommande l’Endocrine Society (Holick et al., 2011), on peut proposer 100 000 UI tous les deux mois ou, mieux encore lorsque cette posologie sera disponible en France, 50 000 UI tous les mois.

6 Protocoles de traitement par la vitamine D

Comme on peut le deviner en lisant les lignes ci-dessus, il n’existe pas de « recette » universelle. Par ailleurs, les pratiques de supplémentation dans un pays donné sont dépendantes des spécialités pharmaceutiques disponibles dans ce pays (voir Tab. 4 pour les spécialités disponibles en France). Plusieurs possibilités sont proposées en séparant les situations où on traite sans dosage préalable de celles où on traite en fonction des résultats du dosage de 25OHD.

Tableau 5

Exemple de protocole de supplémentation chez des patients chez qui la 25OHD a été dosée. Chez ces patients, la cible de concentration de 25OHD est de 30–60 ng/ml.

6.1 Traitement sans dosage préalable de 25OHD

  • La première possibilité est de donner 800 UI de vitamine D2 ou de vitamine D3 par jour ou bien une ampoule de 100 000 UI de vitamine D3 tous les trois mois. Il s’agit d’une solution « a minima » qui ne permettra d’atteindre une concentration sérique de 25OHD de 30 ng/ml que chez un nombre restreint de sujet. Elle pourrait s’appliquer chez le sujet jeune (<50 ans ?), sans pathologie, et s’exposant raisonnablement au soleil en été et, pourquoi pas, être interrompue pendant les mois d’été.

  • La seconde possibilité va s’appliquer aux sujets plus âgés ou qui ne s’exposent que très peu au soleil et correspond à la prise en continu d’une ampoule de 100 000 UI de vitamine D3 tous les deux mois pour les sujets dont l’indice de masse corporelle (IMC) est normal (<25 kg/m2) et une ampoule par mois pour ceux dont l’IMC est supérieur à 25 kg/m2. Elle est à conseiller en particulier pour les résidents des « maisons de retraite » (EHPAD) ou des établissements de soins de suite et de réadaptation (SSR). En particulier, elle facilitera sensiblement le travail des personnels soignants car il est plus facile de donner une dose tous les mois ou tous les deux mois à tous les patients d’un service, plutôt que de leur donner un certain nombre de gouttes tous les jours.

6.2 Traitement en fonction des résultats du dosage de 25OHD

On sait que la concentration de 25OHD atteinte après la prise d’une même dose ponctuelle de vitamine D est très variable d’un patient à un autre. Deux déterminants très importants de l’augmentation de la concentration sérique de 25OHD lorsqu’on donne une dose ponctuelle de vitamine D sont la concentration initiale de 25OHD et le poids du patient. Une équipe hollandaise a établi très récemment une équation permettant de calculer, en fonction de ces deux paramètres, la dose cumulée à donner en prises hebdomadaires de 25 000 UI pour atteindre en moyenne une concentration de 75 nmol/L (soit 30 ng/ml) 10 jours après la dernière prise de 25 000 UI Opdenoordt (2010)). Leurs calculs ont abouti à la formule suivante :

Dose à administrer (UI) = 40 (75–25OHD sérique) × poids corporel.

Dans cette équation la concentration de 25OHD est en nmol/L. Si on considère un patient de 70 kg ayant une concentration de 25 nmol/L (soit 10 ng/ml), la dose calculée sera donc de 140 000, soit, en pratique, 25 000 UI par semaine pendant 6 semaines (ce qui fera 150 000 UI). Il faut toutefois remarquer que cette valeur de 75 nmol/L était, dans cette étude, une cible moyenne et qu’en pratique, environ la moitié seulement des patients traités atteignent une concentration supérieure ou égale à 75 nmol/L avec cette méthode. Cette étude a au moins le mérite d’ouvrir une piste pour la détermination de la dose de « correction ».

Le protocole de supplémentation que nous utilisons dans nos unités chez les patients chez qui la 25OHD a été dosée (résumé dans le Tab. 5) est basé sur les propositions du Pr Holick dans une revue publiée en 2007 (Holick, 2007). Il consiste en une période de « correction » destinée à faire monter la 25OHD au-dessus de 30 ng/ml suivie d’un traitement « d’entretien » permettant de maintenir la concentration de 25OHD au-dessus de 30 ng/ml. Pour cette phase de maintien (à poursuivre à vie ?) on peut, en fonction de la préférence des patients, donner soit des doses journalières (800 à 4000 UI/J de vitamine D2 ou de vitamine D3) ou bien une ampoule de 100 000 UI ou de 80 000 UI de vitamine D3 tous les 1, 2, ou 3 mois. Le choix de la dose journalière ou de la fréquence d’administration des doses de 100 000 UI dépendra des concentrations de 25OHD mesurées sous traitement. Pour ces doses espacées, notre expérience est que pour obtenir une concentration de 25OHD supérieure à 30 ng/ml, environ 25 % des patients ont besoin d’une prise de 100 000 UI de vitamine D3 tous les trois mois, environ 50 % ont besoin d’une prise tous les deux mois, et environ 25 % d’une prise tous les mois. La question de quand doser pour adapter la posologie ou la fréquence d’administration est adressée dans Tableau 5.

7 Conclusion

Quelle qu’en soit la définition (25OHD <20 ng/ml ou <30 ng/ml), l’insuffisance en vitamine D est une situation très fréquente qui est associée à un risque augmenté de développer de nombreuses maladies, pas seulement osseuses. La supplémentation en vitamine D permet de réduire le risque relatif de fractures non vertébrales chez les sujets de plus de 60 ans, et de chutes chez les sujets âgés. Les autres effets potentiels de la vitamine D sont surtout documentés par des études observationnelles et expérimentales, même si des résultats positifs, principalement sur des critères « intermédiaires », ont été démontrés récemment dans un certain nombre d’études d’intervention de (relativement) petites tailles.

Bien que de très nombreux experts soient en faveur d’une telle mesure, la question du « niveau de preuves » pour proposer une large supplémentation par la vitamine D ou tout du moins une augmentation des AJR/ANC peut donc se poser. Après tout, nous connaissons des exemples relativement récents où plusieurs études observationnelles qui étaient en faveur d’un effet favorable d’une vitamine ou d’une hormone sur le risque de certaines pathologies ont été démenties par les études d’intervention. On pense par exemple au beta-carotène dont plusieurs études observationnelles suggéraient qu’il pouvait réduire le risque de cancer, alors que les études d’intervention ont montré au contraire que ceux qui avaient reçu le produit avaient un risque relatif de cancer plus élevé que ceux qui avaient reçu le placebo (Omenn et al., 1996). Le problème est cependant différent pour la vitamine D selon moi. En effet, ces études avec le beta-carotène ont utilisé des doses très largement supra-physiologiques alors que la majorité des essais avec la vitamine D n’ont même pas permis d’atteindre les concentrations sériques de 25OHD des sujets qui ont un « plein accès » à la source principale de vitamine D (par exemple des sujets en bonne santé vivant en permanence en zone intertropicale et s’exposant au soleil).

Déclaration d’intérêts L’auteur déclare n’avoir aucun conflit d’intérêt direct en rapport avec ce texte. Il a écrit un livre sur la vitamine D commandé par la société DiaSorin (fabricant de réactifs pour dosages de métabolites de la vitamine D) et a effectué des prestations ponctuelles (EPU, conférences) pour les laboratoires Roche Diagnostics, DiaSorin, Abbott, Novartis santé famille, Shire, Amgen, Lilly, MSD. Aucune promotion des produits commercialisés par ces différents sponsors n’est apparue, ni dans ce livre, ni dans aucune des prestations ponctuelles déclarées.

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Cite this article as: Jean-Claude Souberbielle. Actualités sur la vitamine D. OCL 2014, 21(3) D304.

Liste des tableaux

Tableau 1

Les principales sources alimentaires de vitamine D (1 μg = 40 UI).

Tableau 2

Paramètres et conditions à contrôler pour une évaluation efficace des effets de la vitamine D dans des études d’intervention contrôlées contre placebo.

Tableau 3

Facteurs environnementaux influençant le statut vitaminique D.

Tableau 4

Spécialités pharmaceutiques de vitamine D disponibles en France début janvier 2013. Il ne s’agit que des spécialités de vitamine D native (D2 ou D3). Les formes hydroxylées disponibles, 25OHD (Dedrogyl ®), 1-OH vitamine D (un-alfa®) et 1,25OH2 vitamine D (Rocaltrol®) ne sont à utiliser que dans le cadre de maladies particulières : maladies hépatiques sévères ou malabsorptions pour la 25OHD, hypoparathyroïdies, pseudohypoparathyroïdies, diabètes phosphatés avec ostéomalacie, insuffisance rénale chronique pour la 1-OH, et la 1,25OH2 vitamine D.

Tableau 5

Exemple de protocole de supplémentation chez des patients chez qui la 25OHD a été dosée. Chez ces patients, la cible de concentration de 25OHD est de 30–60 ng/ml.

Liste des figures

thumbnail Fig. 1

Résumé du métabolisme de la vitamine D. La vitamine D2 et la vitamine D3 sont transportées dans le sang par la DBP. La vitamine D (D2 ou D3) est hydroxylée dans le foie pour former de la 25OHD dont la concentration sérique représente le statut vitaminique d’un individu. Cette hydroxylation hépatique est très peu régulée et, plus on ingère ou plus on synthétise de la vitamine D, plus on produit de la 25OHD. Cette 25OHD est de nouveau hydroxylée pour faire de la 1,25OH2D, le métabolite actif de la vitamine D. Cette seconde hydroxylation peut se faire soit dans les cellules tubule proximal rénal, soit dans de très nombreux autres tissus. L’hydroxylation rénale, qui est très étroitement régulée par des hormones du métabolisme phospho-calcique comme la PTH ou le FGF23, permet de produire la 1,25OHD « hormone » (c’est-à-dire qui va passer dans le sang et aller agir sur des tissus cibles où elle se lie au VDR), alors que l’hydroxylation « périphérique » est indépendante de la régulation phospho-calcique et produit de la 1,25OH2D qui agit localement (de manière « intracrine ») et ne participe pas au métabolisme phospho-calcique. De manière intéressante, la production rénale proximale de 1,25OH2D est inversement proportionnelle à la concentration de 25OHD circulante du fait d’une hyperparathyroïdie secondaire lorsqu’il existe une «  insuffisance » en vitamine D (sauf si il y a trop peu de 25OHD auquel cas la production de 1,25OH2D diminue), alors que la production « périphérique » est, elle, proportionnelle à la concentration de 25OHD circulante.

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