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OCL
Volume 8, Number 6, Novembre-Décembre 2001
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Page(s) | 626 - 635 | |
Section | Dossier : L’avenir des cultures pérennes | |
DOI | https://doi.org/10.1051/ocl.2001.0626 | |
Published online | 15 November 2001 |
LES SPECIFICITES DU SECTEUR OLEAGINEUX Regards sur l’évolution à long terme de la consommation mondiale de corps gras et le rôle des oléagineux pérennes
Département des politiques et des études, Agence française de développement, 5, rue Roland-Barthes, 75598
Paris Cedex 12
Un secteur aussi hétérogène que dynamique : Au cours de la seconde moitié du xxe siècle, une révolution discrète est intervenue dans la production et les échanges de corps gras végétaux, bouleversant les positions acquises et suscitant l’apparition de nouveaux acteurs. En l’absence d’institution internationale spécialisée ou d’accord de produit, situation qui distingue les corps gras de la plupart des autres matières premières d’origine agricole, c’est filière par filière que certains aspects de l’évolution de ce secteur ont pu, occasionnellement, occuper le devant de la scène, par exemple lors des négociations commerciales internationales, mais sans que les modifications intervenues dans ces filières - ou les relations qu’elles entretiennent entre elles - ne soient toujours appréciées à leur juste valeur. Au sein de chaque filière, l’homogénéité n’est pas non plus de règle et les conflits, par exemple entre producteurs et triturateurs, ne sont pas rares, témoignant de l’affrontement permanent entre logique agricole et logique industrielle. La très grande diversité des corps gras végétaux pose de délicats problèmes de classification et de présentation qui confortent la spécificité et le particularisme de ce secteur. En effet, qu’il s’agisse de leur appartenance au règne végétal ou animal, de leurs biotopes (milieu tropical ou tempéré), de leurs caractères agronomiques (plantes annuelles et pérennes), de leur teneur en huile, de leur degré de transformation (graines, huiles brutes ou raffinées, tourteaux), de leur aspect (fluide, concret), du procédé de transformation (artisanal ou industriel) ou de leur utilisation finale (consommation humaine ou animale, cosmétologie, pharmacie, énergie, etc.), tout semble séparer des corps gras qui ont cependant en commun une importance nutritionnelle qui leur confère un rôle irremplaçable dans l’alimentation humaine et animale. Il y a aussi les habitudes ou les comportements alimentaires qui, d’un continent à l’autre, loin d’être immuables, remettent en cause tout essai de classification ou de « positionnement » des filières ou des acteurs. Ainsi en est-il des huiles lauriques (coprah, palmistes) réservées à la savonnerie en Europe ou en Amérique du Nord, mais largement utilisées pour l’alimentation dans certains pays asiatiques, telle l’Indonésie où ces huiles lauriques, très appréciées, ont longtemps figuré en tête des huiles alimentaires et sont toujours largement consommées. Il en va de même pour l’huile de palme qui, brute, fractionnée ou raffinée, est une huile alimentaire dans les pays producteurs, mais une huile de savonnerie chez certains importateurs. Pour contrarier encore davantage toute velléité de simplification, on doit aussi signaler le rôle et l’importance économique que peuvent avoir les sous-produits ou les co-produits de certaines graines oléagineuses, dont la valeur dépasse fréquemment celle du produit principal. Mais, au-delà de toutes ces différences, c’est le dynamisme de la production des corps gras végétaux, pris dans leur ensemble, qui impressionne. Maintenir sur près d’un siècle un taux de croissance annuel moyen de 3,2 % - voire davantage pour les huiles de soja, de palme et de tournesol qui atteignent ou dépassent + 5 % l’an 1 - constitue une performance remarquable que peu de produits végétaux peuvent revendiquer. En termes de volume, les exportations de graines, d’huiles et de tourteaux - environ 150 millions de tonnes par an - se situent immédiatement derrière les céréales et largement devant tous les autres produits d’origine végétale 2. S’appuyant sur ces constats, cet article se propose de mesurer et d’analyser comment cette croissance soutenue de l’offre de certaines huiles a suscité, en quelques décennies, une évolution sensible des habitudes alimentaires - et donc de la demande - dans certaines régions du monde et dans quelques grands pays. Pour ce faire, après avoir passé en revue les tendances lourdes du secteur des corps gras, tant au niveau de l’offre que de la demande, les perspectives à l’horizon 2020 seront rapidement examinées. Enfin, des conclusions seront tirées sur la place actuelle et future des oléagineux pérennes vis-à-vis de leurs concurrents annuels, notamment dans la perspective du renouvellement permanent des plantations, nécessaire au maintien de positions qui, sur un marché particulièrement concurrentiel, ne sont jamais acquises. Ces conclusions mettront tout particulièrement en évidence les perspectives préoccupantes des filières oléagineuses africaines qui apparaissent bien isolées et démunies face aux nouveaux slogans de la coopération internationale. Les sources utilisées sont tirées, d’une part, de Oil World pour les séries longues relatives à la production oléagineuse et aux consommations apparentes des pays « majeurs » et, d’autre part, des Food Balance Sheets 3 de la base de données FAOSTAT pour la structure détaillée de l’offre et de la demande oléagineuse. Cette dernière source présente le double avantage d’introduire une distinction entre usage alimentaire et usage non alimentaire de chaque corps gras et de fournir les consommations par tête pour chacun d’entre eux. En outre, la FAO prend en compte l’ensemble des pays et des corps gras (y compris le karité), alors que Oil World se limite à ses « 17 Major Oils and Fats » et aux 22 pays considérés comme « majeurs ».
© John Libbey Eurotext 2001
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