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OCL
Volume 10, Number 3, Mai-Juin 2003
Colza : enjeux et Nouvelles Synergies de la recherche
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Page(s) | 165 - 174 | |
Section | Nutrition | |
DOI | https://doi.org/10.1051/ocl.2003.0165 | |
Published online | 15 May 2003 |
Relations entre acides gras oméga-3, oméga-9, structures et fonctions du cerveau. Le point sur les dernières données. Le coût financier alimentaire des oméga-3 « Je chercherai à connaître les différences qui existent entre les huiles de faine, de colza, d’olive, de noix ». Honoré de Balzac. « Histoire de César Birotteau ».
Membre de l’Académie de Médecine. Directeur de l’unité U26 de Neuro-pharmaco-nutrition. Hôpital Fernand Widal, 200, rue du Faubourg
Saint Denis. 75745
Paris cedex 10
01 40 05 43 39
01 40 34 40 64
*
jean-marie.bourre@fwidal.inserm.fr
Pour ce qui concerne le cerveau, les acides gras ω3 ont été plus spécialement étudiés que les acides gras ω6 ou ω9. La carence en acide alpha-linolénique (18 :3 ω3) altère la structure et la fonction des membranes, et entraîne de légers dysfonctionnements cérébraux, comme cela a été montré sur les modèles animaux puis chez les nourrissons humains. Les résultats récents ont montré que son déficit alimentaire induit des anomalies plus marquées dans certaines structures cérébrales que dans d’autres, le cortex frontal et l’hypophyse étant les plus touchés. Ces singularités sont accompagnées de perturbations comportementales qui touchent plus particulièrement certains tests (habituation, adaptation à une situation nouvelle). Les anomalies biochimiques et comportementales sont partiellement réversées par une supplémentation avec des phospholipides, notamment extraits d’oeuf enrichis en ω3 ou de cervelle de porc. Une étude effet-dose montre que les phospholipides d’origine animale sont plus efficaces que ceux d’origine végétale pour réverser les conséquences du déficit, dans la mesure, entre autres, où ils apportent les très longues chaînes pré-formées. La déficience en acide alpha-linolénique se traduit au niveau du cortex frontal de rat par des perturbations de la neurotransmission mono-aminergique. Mais ne sont touchées ni la densité ni la fonction des transporteurs de la dopamine. Chez l’animal carencé, la réversibilité dans la neurotransmission dopaminergique (dans le cortex préfrontal, entre autres) n’est que partielle après arrêt du déficit alimentaire. La carence en acide alpha-linolénique diminue la perception du plaisir, en altérant légèrement l’efficacité des organes sensoriels et en affectant certaines structures cérébrales. Cette carence modifie le métabolisme énergétique du cerveau en perturbant le transport du glucose. Au cours du vieillissement, la baisse de l’audition, de la vue et de l’odorat résulte tout autant de la diminution de l’efficacité des parties concernées du cerveau que des perturbations des récepteurs sensoriels, en particulier de l’oreille interne ou de la rétine. Un niveau de perception donné du goût du sucré exige, par exemple, une quantité de sucre plus grande chez ceux qui sont déficients en cet acide gras. Le déficit en ω6 n’étant pas encore observé, compte tenu des habitudes alimentaires, son impact sur le cerveau n’a pas été étudié. En revanche, une carence en acides gras ω9, spécifiquement en acide oléique, induit une réduction de cet acide dans nombre de tissus, excepté le cerveau (mais le nerf sciatique est touché). Ainsi, cet acide ne serait pas synthétisé en quantité suffisante, au moins pendant la période de gestation-lactation, impliquant une obligation d’apport alimentaire. Cette revue fait le point des meilleures sources d’apport en acides gras ω3, elle évalue l’ampleur des enrichissements qui peuvent être réalisés en modifiant la nourriture donnée aux animaux : modeste effet pour les ruminants, appréciables pour les viandes de porc, de lapin et de volaille ; considérable pour les oeufs et les poissons. L’impact sur la couverture des besoins de l’homme est déterminé, ainsi que les conséquences pour sa santé. Pour la première fois, le coût pour le consommateur est précisé, en classant les principaux aliments par rapport au prix des ω3 qu’ils contiennent.
Abstract
“I would try to learn the differences between beechnut, rapeseed, olive, and walnut oils”. Honoré de Balzac. “Histoire de César Birotteau”. ω3 fatty acids have been more extensively studied in the brain than ω6 or ω9 fatty acids. Alpha-linolenic acid (18 :3ω3) deficiency alters the structure and function of membranes and induces minor cerebral dysfunctions, as demonstrated in animal models and in human infants. Recent results have shown that dietary alpha-linolenic acid deficiency induces more marked abnormalities in certain cerebral structures than in others, as the frontal cortex and pituitary gland are more severely affected. These selective lesions are accompanied by behavioural disorders more particularly affecting certain tests (habituation, adaptation to new situations). Biochemical and behavioural abnormalities are partially reversed by a dietary phospholipid supplement, especially ω3-rich egg yolk extracts or pig brain. A dose-effect study showed that animal phospholipids are more effective than plant phospholipids to reverse the consequences of alpha-linolenic acid deficiency, partly because they provide very long preformed chains. Alpha-linolenic acid deficiency results in disorders of monoaminergic neurotransmission in the rat frontal cortex, but does not affect either the density or the function of dopamine transporters. In alpha-linolenic acid deficient animals, these disorders of dopaminergic neurotransmission (in the prefrontal cortex, among others) are only partially reversed after correction of the dietary deficiency. Alpha-linolenic acid deficiency decreases the perception of pleasure by slightly altering the efficacy of sensory organs and by affecting certain cerebral structures. This deficiency modifies the energy metabolism of the brain by altering glucose transport. Age-related impairment of hearing, vision and smell is due to both decreased efficacy of the parts of the brain concerned and disorders of sensory receptors, particularly of the inner ear or retina. For example, a given level of perception of a sweet taste requires a larger quantity of sugar in subjects with alpha-linolenic acid deficiency. As ω6 fatty acid deficiency has never been observed, in view of eating habits, its impact on the brain has not been studied. In contrast, ω9 fatty acid deficiency, specifically oleic acid deficiency, induces a reduction of this fatty acid in many tissues, except the brain (but the sciatic nerve is affected). This fatty acid is therefore not synthesized in sufficient quantities, at least during pregnancy-lactation, implying a need for dietary intake. This review article describes the best sources of ω3 fatty acids and evaluates the degree of enhancement that can be achieved by modifying the food given to animals : a limited effect for ruminants, a substantial effect for pork, rabbit and poultry, and a considerable effect for eggs and fish. The impact on the cover of human nutritional requirements as well as the consequences for human health are discussed. For the first time, the cost for the consumer is specified, by classifying the main foods according to the price of the ω3 fatty acids that they contain.
Mots clés : cerveau / acides gras oméga-3
Key words: brain / omega-3 fatty acids
© John Libbey Eurotext 2003
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