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OCL
Volume 17, Number 1, Janvier-Février 2010
Dossier : Comment peut-on améliorer la qualité nutritionnelle des graisses animales ?
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Page(s) | 14 - 15 | |
Section | In Memoriam | |
DOI | https://doi.org/10.1051/ocl.2010.0293 | |
Published online | 15 January 2010 |
In Memoriam
Jean-Paul Helme s’est éteint le 14 décembre dernier. Beaucoup de ceux qui l’ont connu ont spontanément éprouvé le besoin de se recontacter pour partager leur tristesse mais surtout évoquer l’homme qu’il était et les nombreux souvenirs encore bien vifs qu’a laissés en chacun et à divers titres, son attachante personnalité faite de jovialité ensoleillée d’une faconde toute méditerranéenne tempérée d’une rigueur scientifique qu’il aimait relier à ses origines maternelles suisses…
Monsieur Helme est né à Hyères en 1921. Il fait ses études supérieures à Marseille et sort major de l’Ecole Supérieure de Chimie en 1943 obtenant simultanément sa licence ès sciences. Sous la conduite du professeur Desnuelle il prépare ensuite sa thèse d’ingénieur docteur, brillamment soutenue en 1948, sur la production industrielle des lécithines d’arachide et de soja.
Parallèlement à ce travail académique, il commence sa carrière dans l’industrie dès 1945 en devenant ingénieur de production aux Huileries Roux et Savonneries Paul qu’il quitte en 1949 pour remettre sur pied l’usine de Dieppe des Etablissements Robbe : d’abord ingénieur de production puis directeur de l’usine et enfin directeur technique il réalise la modernisation des installations et met en place avec succès de nouveaux procédés industriels.
En 1967, il quitte le secteur des corps gras pour une importante société de construction mécanique en difficulté qu’il parvient à redresser en trois ans.
En 1969, il accepte la direction générale de l’Institut des Corps Gras où il succède à M. Roger Francois à un moment où les modifications de structures et l’évolution technique de la profession appellent de nouvelles orientations pour que l’Institut intègre avec succès le développement et les progrès rapides de la recherche, en particulier dans ses applications. Dès sa prise de fonction, il identifie les points stratégiques pour l’avenir de l’Iterg : « les Centres Professionnels sont des éléments de liaison entre leur Profession et les techniques d’autres Industries, et doivent être en mesure de préparer une politique de recherche européenne.… L’Iterg est une plaque tournante logique entre de nombreux secteurs en amont (…) et en aval au niveau de l’alimentation et de la nutrition. (…) Une recherche bien gérée et bien exécutée devra réaliser une combinaison délicate il est vrai, entre les impératifs de la recherche fondamentale, les préoccupations de types industriel et économique et l’objectivité à l’égard d’une Profession diverse et hétérogène. »
Après six années passées à la tête de l’Iterg, chacun reconnaissait l’importance des résultats obtenus : élargissement du champ d’action de l’Institut tenant compte de l’environnement des professions dans une démarche de veille et d’anticipation, rapprochement des pouvoirs publics avec un rôle de conseil ou de médiation fondé sur ses compétences scientifiques et techniques, redéploiement des activités de recherche collective, renforcement de la coopération internationale avec la création en 1972 du Club Européen de Centres de Recherches sur les Corps Gras.
En décembre 1975, l’AFECG lui décernait la médaille Chevreul et saluait à cette occasion l’action de Jean-Paul Helme : « Chacun sait combien vous avez rehaussé la renommée de l’Institut tant en France qu’à l’étranger, malgré toutes les difficultés rencontrées. Votre art d’exposer clairement les problèmes, d’en envisager les solutions et de choisir la meilleure, vous a permis de convaincre vos interlocuteurs et d’arriver au but que vous vous étiez fixé. »
En 1975, il retrouve l’industrie en devenant directeur de la recherche et du développement de Lesieur Cotelle & Associes.
À partir du 1er juillet 1988 il accepte la présidence de l’Iterg qu’il conservera jusqu’à la fin de1994. Ses deux mandats de président ont été pour lui l’occasion d’accompagner encore l’Institut dans des périodes délicates et de tout mettre en œuvre pour résoudre les difficultés rencontrées : avec une grande capacité d’écoute, il sollicite une réflexion de fond sur la stratégie et les objectifs prioritaires de l’Iterg : maintien de l’expertise, recherche de complémentarités avec d’autres centres (avec par exemple, la création de la revue Oléagineux Corps gras Lipides – OCL), poursuite de l’engagement dans des programmes de recherche européens, développement des relations avec la région Aquitaine, déploiement des prestations privées sont les axes essentiels qu’il continuera d’encourager après la fin de sa Présidence.
Parallèlement à ces activités, toujours curieux d’innovation et de réalisations concrètes, il crée la société Bio-Extraction en 1986 et intervient en tant que conseiller de plusieurs sociétés dont Gattefossé jusqu’en 1992.
Parmi ses publications, beaucoup ont traité de lipochimie (résines, standolies, huiles siccatives) avec notamment un petit ouvrage sur Les aspects lipochimiques de l’industrie des revêtements (Ed. Etig, 1976), ou plus récemment un article rassemblant des « propositions pour l’avenir de la recherche lipochimique en France » (OCL 1994; 1 (2) : 124-25); l’industrie agroalimentaire mais également la nutrition et les acides gras polyinsaturés essentiels ont été parmi ses thèmes favoris tout comme le développement des lipides en cosmétologie.
Enfin, il faut évoquer ses articles sur « la science et l’art : évolution des techniques de la peinture à l’huile » en écho à son autre passion que fut pour lui la peinture… « Metteur en scène de la nature, son sens du paysage n’est sans doute que le prétexte à l’effusion sur la toile d’une effervescence intérieure, d’un émerveillement sans cesse renouvelés, grâce à son inaltérable disponibilité de l’œil et du cœur », disait de lui Jehan Despert dans un ouvrage consacré à sa peinture.
La personnalité de Jean-Paul Helme a touché tous ceux qui l’ont connu.
À ses anciens collaborateurs il laisse une conception de nos métiers faite de rigueur, de passion et d’ouverture envers les gens et l’avenir. À ses collaborateurs comme à ses amis, il laisse aussi une vision de l’existence, dont le souvenir éclairant n’a pas fini de se maintenir parmi nous, bien au-delà de la tristesse qui aujourd’hui nous étreint.
Que Madame Helme et ses proches reçoivent ici l’expression de toute notre sympathie.
La Malaisie – (Huile sur toile).
© John Libbey Eurotext 2010
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